Usine Sainte-Marthe - et annexe petite Sainte-Marthe,
la fabrique est située sur le Chemin des Tissages, en aval du Chemin Anne-Sylvestre. À l'origine, le
bâtiment est couplé à
l’usine Sainte-Julie et tire son énergie d’une roue située entre les deux bâtiments -
dont l’eau de la rivière du Ternay est acheminée depuis
Taillis-Vert et les fabriques du quartier Pré-Battoir
par un système de
canaux et de vannes.
L’activité de la fabrique, avec cent-trente-huit
métiers à tisser, était principalement
le tissage. Le bâtiment
fait plus de soixante-dix mètres de long pour dix-sept mètres de haut.
Sur les cartes postales anciennes,
le premier étage est accessible par un escalier monumental. Ses fenêtres de plus de cinq mètres de
haut lui valent son surnom d’usine cathédrale. Le rez-de-chaussée de la fabrique abritait
un tirage de
soie – dévidage du cocon – dont
les roquets étaient actionnés par une machine à vapeur. Les deux étages
possédaient chacun soixante-neuf métiers à tisser mécaniques.
Deux dortoirs permettaient de loger les ouvrières n’habitant pas Saint-Julien. L’un de neufs lits et le
second de huit lits. Les autres ouvrières étaient logées dans la maison dite Chirol – ancienne
Usine Chirol.
L’usine possède une cour et des jardins ainsi qu’un bâtiment annexe surnommé Petite Sainte-Marthe.
Selon les plans, en 1949, deux passerelles aériennes - passant au-dessus du chemin menant au
Pré-Battoir, nouvellement nommé Anne Sylvestre - sont construites afin de relier l’usine Sainte-Marthe
– bâtiment Petite Sainte-Marthe - à
l’usine Saint-Victor, et à l’usine Chirol. Au sein de l’usine Chirol se
trouvent bureaux, dortoirs, cuisines et
ourdissoirs. Les passerelles aériennes facilitent le transport
des
chaînes réalisées sur les ourdissoirs Chirol vers les métiers à tisser de Sainte-Marthe et Saint-Victor.
À cette époque, on décompte cent-cinquante métiers, plus douze installés à
l’orangerie et huit dans
l’ancienne forge située à l’arrière de Sainte-Marthe.
À la suite de la seconde guerre mondiale, l’activité de tissage occupe le rez-de-chaussée et le premier
étage. Le second étage est alors dédié à
l’épincetage, la visite de coupe, la pesée et la préparation des
envois. À l’arrière du bâtiment, de l’autre côté de la cour, se trouvent la forge, la bascule, le vaporisage et
les bureaux
des patrons.
Les derniers exploitants sont la famille Gillier. En 1971, les établissement Gillier-Payen - Ets Gillier
frères - n’emploient plus que cinquante-sept salariés. L’activité de Sainte-Marthe, administrée par la
société Texter depuis 1986, stoppera en 1989. La mairie acquiert le bâtiment à la fermeture de l’usine
Sainte-Marthe, en 1989. Faute de moyens pour entretenir l’usine, cette dernière est vendue. En 1996,
une SCI, composée de Jean-Pierre Huguet et de quatre artistes du village, rachète le bâtiment afin d’y
établir: au rez-de-chaussée, un atelier de production en métallerie-serrurerie. Et à l’étage, des espaces
de résidence, de création et d’exposition. Les nouveaux propriétaires habitent les espaces bâtiments
annexes de l’usine - devenus des espaces privés, certains depuis 1992.
Chaque artiste occupe un espace singulier:
Annie Zadek, écrivain, vit et travaille dans le bâtiment des anciens bureaux du
contremaitre. Markus
Strieder, sculpteur et dessinateur, a trouvé dans l’ancien bâtiment de la forge, un espace où il concoit
ses oeuvres à l’aide des tables de chauffe et laminoirs industriels. Annie Zadek et Markus Strieder,
présents sur les lieux depuis 1992, créent en 1993 l’association L’art des Livres. L’association propose
des résidences d’artistes à des écrivains, des rencontres avec le public scolaire, des tables-rondes
publiques. Certains ouvrages sont publiés aux Éditions Huguet, Jean Pierre Huguet souhaite familiariser
le public du Parc et des villes-portes avec la littérature contemporaine. Jean-Pierre Huguet organise de
nombreux événements publiques. Christophe Gonnet, plasticien, utilise une partie du rez-de-chaussée
de l’usine comme lieu de fabrication de ses oeuvres. David Jones, sculpteur vit et travaille en Australie,
mais séjourne quelques mois par an au village. Son atelier est le bâtiment accolé à Sainte-Marthe - dit La
Chapelle. Gisèle Jacquemet, plasticienne, vit et travaille dans les anciens bureaux.
Ces créateurs portent différents projets en partenariat avec
le Parc Naturel Régional du Pilat comme
l’association Ceci n’est pas une usine. Le dernier étage de l’usine, de 650m2, est conservé en l’état, vide.
Il renforce le caractère singulier du lieu. Ce plateau, prénommé Le Mur du Fond, propose à des artistes
invités d’investir le mur des anciens plateaux de tissage afin de produire une œuvre in-situ, ont été
exposés : Claude Viallat, André Pierre Arnal, Mandelbrojt … Depuis d’autres habitants se sont installés au
sein de l’usine: en 1993, Dea et Marcos d’Aquino, peintre sculpteur. Ainsi que Thierry Renard et sa famille
en 2006.
On retrouve les témoignages de Jean-Pierre Huguet et Gisèle Jacquemet autour de leur installation au
sein de leurs ateliers et de leurs projets communaux dans les archives radios de l’émission Soie Disant.