Dans les brumes / Lieux / Usine Perrier Schmelzle
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Usine Perrier,

L’usine Perrier est située à l’intersection entre le Pont Neuf et de la Rue Peyronnet, en face de l’ancienne école publique, et en amont du Moulinage Cellard -entièrement détruit- et de l’usine Sainte-Marie.
Le 25 janvier 1776, Monsieur Jean-François Corompt achète à Mademoiselle Godin «un tènement de terrain dans lequel il y avait un moulin à blé avec la prise d’eau.». Afin d’y construire «une fabrique ou moulin à soie», dans le contrat, il est précisé que la famille Godin doit, dans le futur, pouvoir construire une fabrique en aval de celle de Monsieur Corompt. Une clause précise que Jean-François Corompt doit enseigner à Gabriel Henri Godin le métier de moulinier sans lui rien cacher, ni déguiser.». C’est ce Gabriel Henri Godin qui construira, en 1781, l’usine Godin-Corompt – ou Moulinage Cellard.

À la suite de l’achat du terrain, et selon les plans anciens, Jean-François Corompt fit construire un moulinage de soie. En 1804, son fils ainé, Pancrace Corompt héritera de l’usine dite
«usine du bas».
Son cadet, Joseph Corompt, héritera de l’usine Cadet. En 1809, à la suite d’un échange de terrains entre Corompt et Vanel, l’usine est agrandie le long de la voie de circulation – rue Peyronnet. Une pierre d’un linteau de fenêtre de la maison Vanel, datée, est visible dans la cour de l’usine. Le moulinage fonctionne par force hydraulique fournie par une roue positionnée sur un canal de dérivation de la rivière du Ternay.

Par la suite, une machine à vapeur est installée. Le moulinage est géré par les descendants de Pancrace Corompt pendant plusieurs décennies avant d’être vendu, en 1854, à Monsieur Jean-Claude Perrier.
En 1860, sont installés les premiers métiers à tisser. Puis des canetières et des bobiniers. En 1864, une banque de dévidage pouvant accueillir deux cent quatre-vingt tavelles est installée, suivie en 1865 d’un ourdissoir. En 1865, sont ajoutés un étage à la maison de maitre ainsi qu’un étage à la fabrique proprement dite. De nouveaux métiers sont acquis – à lanières, courroies et poulies – jusqu’à atteindre un nombre de soixante-quatorze. En 1873, l’usine emploie cent cinquante ouvriers, ouvrières et gareurs.

En 1911, l’effectif est de quatre-vingt-dix personnes: soixante-dix-neuf femmes dont quatorze de moins de dix-huit ans, et dix-huit hommes dont trois de moins de dix-huit ans.
Au début du XXème siècle, l’électricité suppléera à la machine à vapeur, l’ensemble de l’usine est entrainé par deux moteurs électriques. À la fin du XXème siècle, un dernier étage est ajouté à la fabrique. Lors des prochaines décennies, des moulins et métiers à tisser sont acquis. En 1930, l’usine en possède soixante-neuf. En 1941, dix ratières, et en 1942, un ourdissoir et quatre dévidoirs viendront moderniser la production. En 1947, des moteurs individuels remplaceront les courroies et l’arbre de transmission des métiers à tisser.
À la fin des années 1950, le dortoir accueillant les jeunes ouvrières venant de la campagne, fermera à la suite du développement du vélomoteur. Trois générations se succéderont jusqu’au départ à la retraite d’André Perrier en 1966. L’activité de l’usine sera reprise pendant deux ans par Monsieur Bobichon. En 1969, ce sont Paul et Josette Schmelzle qui reprendront l’activité de tissage, puis à la mort de Paul, en 1989, Josette assurera seule la gérance.

L’usine est la dernière à rester en activité au sein de Saint-Julien, étaient encore en fonctionnement: un ourdissoir, des canetières et trente-cinq métiers à tisser. L’usine employait quatorze ouvrières. Son activité cessera le 14 novembre 2003.
En juin 2004, l’usine est rachetée par Delphine Gaud, danseuse-chorégraphe, et Franck Besson, régisseur de spectacle. La maison du contremaître et les dortoirs - espace de la visite de coupe et des canetières pour les Tissages Schmelzle - est transformé en habitation. Le moulinage du rez-de-chaussée, ainsi que les dévidoirs du premier étage ont été démontés. Un studio de danse – Les ailes de Bernard - est aménagé à cet étage pour la compagnie de la Trisande. L’espace accueille des stages et répétitions et bénéficie d’une cuisine collective et d’un espace de stockage. Le bureau du patron – Perrier - est réaménagé afin de devenir un espace d’accueil professionnel de Body-Mind Centering. L’usine conserve quelques métiers à tisser, la forge, l’étuve, l’atelier des gareurs, la réserve de cadres, la menuiserie avec son horloge, les deux ourdissoirs et plusieurs cantres au troisième étage, ainsi qu’un stock d’outils et objets relatifs au travail de la soie.

L’usine – la salle des métiers à tisser - sera utilisée, en 2017, comme décor pour le film Mélancolie Ouvrière. Lors du tournage, les métiers seront remis en route à l’aide d’anciennes ouvrières et gareurs. L’usine est annuellement ouverte au public lors des Journées du Patrimoine – ici du Matrimoine, une visite ainsi que l’exposition d’artistes locales sont organisées.