Dans les brumes /Carnet de Terrain
15 janvier 2022, Ă  Saint-Julien-Molin-Molette.
Friche haut-standing suite.
Le samedi, Ă  14h je me rends Ă  l’usine Sainte-Marie pour rencontrer ses nouveaux propriĂ©taires et dĂ©couvrir leur projet de rĂ©habilitation du site.


Notes d’entretien avec Amandine et SĂ©bastien:
Les héritiers Dussuc ont vendu.
L’usine au prĂ©alable louĂ©e Ă  un brocanteur puis Ă  l’association l’Oreille est hardie est mal entretenue, et a mis du temps Ă  trouver preneurs. La Mairie Ă©tait intĂ©ressĂ©e par l’achat pour prĂ©server le dernier bĂątiment d’une fabrique. Un dossier de candidature avait Ă©tĂ© mis en ligne par une agence d’architectes.
Amandine et Sébastien ont présenté un projet au comité municipal.
Investir et développer une activité lucrative. Faire jouer ses connaissances pour amener du public.
Les citadins.
DĂ©construire pour rĂ©habiliter et lire l’histoire du bĂątiment par sa construction et ses matĂ©riaux.
Essayer de comprendre, décortiquer.
Explorer.
Toujours quelque chose à faire à SJMM, «village magique».

La cour et le jardin:
Un papy, ancien ouvrier, est passĂ© dans le jardin il y a quelques mois montrer l’usine oĂč il a travaillĂ© dĂšs son enfance Ă  sa petite-fille. Amandine lui a offert un cafĂ©, mais n’a pas gardĂ© de trace de son tĂ©moignage. Pas le temps de le recontacter.
La rotonde, l’entrĂ©e des ouvriers devenue galerie d’art.
La buanderie sans fenĂȘtres.
Le dĂ©molisseur (l’immeuble de moulinage, l’ancien mur, la chaufferie, la terrasse.):
«On a dĂ©moli la chaufferie, elle Ă©tait moche, on voulait un grand jardin avec vue sur la riviĂšre pour les rĂ©ceptions de prestige.» «Depuis qu’on a dĂ©moli, dĂšs qu’un Piraillon passe il en parle de la chaufferie
 alors qu’ils ne devaient mĂȘme pas le voir avant!».
IngĂ©niositĂ© du bĂąti ancien: les vides sanitaires, les canaux pour la gestion de l’eau, le hangar et la machine Ă  vapeur, l’électricitĂ© par les trois fils, caler les machines dans les murs)
Rester dans l’authentique, changer la porte du garage blanche – neuve – par un portail forgĂ© et ornementĂ© reprenant les codes de l’ancien, faire du faux vieux, copier le style, imiter en essayant d’utiliser les mĂȘmes matĂ©riaux et techniques qu’à l’époque. Les matĂ©riaux de construction actuels: pas la mĂȘme qualitĂ©. Perte du savoir-faire, les murs de pierres biscornus enduits de plĂątre VS les murs de placo-plĂątre rapides Ă  poser.
Garder l’aura. CrĂ©er un dĂ©cor. RĂ©interprĂ©ter, mettre aux normes: la cuisine professionnelle dans la forge donc dĂ©molition?
Le bĂątiment de la potiĂšre «Je dĂ©teste ce bois, ça fait ranch»; nouvelles fenĂȘtres en chien assis, rappel de l’usine principale.
La verriĂšre revendue.
L’érable du Japon.
Les initiales de la petite fille du patron sur la cheminée.
La maison de maĂźtre et son sous-sol, la cave et la machine Ă  froid.
La roue Ă  aubes cachĂ©e, la fiertĂ© de possĂ©der, dĂ©tenir un secret «je suis sĂ»r que personne ne sait qu’elle est là».

IntĂ©rieur de l’usine:
La menuiserie, la forge, les salles des mĂ©tiers, le bureau du contremaitre, l’atelier des gareurs.
La présence de la religion, les autels.
Plateaux de tissages, les taches d’huile aux emplacements des mĂ©tiers Ă  tisser. L’odeur de la graisse. Mettre des camĂ©ras de surveillance, les jeunes squattent et lancent des pĂ©tards
 mais tout peut prendre feu.
La peur des dégradations.
Ne pas faire classer au Patrimoine car empĂȘcherait le projet mais chercher des financements.
Faire venir les / en chantier, avoir de la main d’Ɠuvre gratuite.

Les Ă©tages:
L’escalier et les fenĂȘtres en ogives.
Le bureau de la secrétaire et du patron, les archives au sol, le coffre-fort, le magasin.
L’ancien atelier de stockage devenu l’appartement bleu, squattĂ© par un artiste photographe.
Aux murs, les affiches des expositions et concerts organisĂ©s par l’association l’Oreille est Hardie.
Le tournage de MĂ©lancolie OuvriĂšre, les scĂšnes dans la cour, Ă  l’école, et dans les dortoirs, le dĂ©cor, les peintures et bidouilles du cinĂ©ma.
Tournage de clips, «ouvrir un peu le village à la culture».
Organiser des Ă©vĂ©nements, s’intĂ©grer, devenir acteur local – projections, dons de vĂȘtements.

L’attachement Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e. ClĂŽturer. Baliser le chemin public.
«La Mairie remet en Ă©tat le lavoir du Mas et fait un chemin piĂ©tonnier, on leur a laissĂ© un bout de terrain pour le passage – vers le pont de l’École et la cascade – c’est sympa et puis ça donne de la visibilitĂ© au lieu.»
La passerelle, l’entrĂ©e des ouvriers, les toilettes et le chemin communal, Peyronnet le Bas.